Voici l'entretien publié par le journal « La Tribune » à la suite des annonces gouvernementales sur la relance du solaire.
Propos recueillis par Dominique Pialot | 07/01/2013, 17:48- 429 mots
Trois questions à André Joffre, fondateur du bureau d'études de projets solaires Tecsol et président du pôle de compétitivité Derbi implanté à Perpignan et spécialisé dans les énergies renouvelables.
Les mesures annoncées ce lundi 7 janvier par Delphine Batho, notamment le doublement de l'objectif cible annuel de 500 à 1.000 MW, vous semblent-elles vraiment décisives ou s'agit-il plutôt de mesures symboliques à la portée anecdotique ?
André Joffre: le marché du solaire fonctionne beaucoup sur la confiance. Or depuis le moratoire de décembre 2010, cette confiance avait été largement ébranlée. Même si sur le plan technique et financier, la majorité des projets restaient viables, ce climat d'incertitude avait dérouté les acteurs et les investisseurs, et le marché s'était effondré. Donc, rien que pour cette raison, ne serait-ce que pour l'effet en termes de communication, c'est une très bonne nouvelle.
En outre, ce doublement de la cible (de 500 MW à 1.000 MW) aura aussi pour conséquence une stabilisation des tarifs de rachat. Les baisses étant déclenchées en fonction de l'atteinte des objectifs fixés, elles seront deux fois moins rapides que précédemment.
L'une des mesures annoncées, en revanche, mécontente à peu près tout le monde : la baisse du tarif T5 appliquée aux projets de plus de 100 kW au sol ou sur toiture (non intégrés au bâti) réalisés hors appel d'offres. Qu'en pensez-vous ?
Au cours du seul mois d'octobre, pas moins de 1.500 MW de projets ont été déposés en T5, ce qui signifie que les développeurs considéraient que le tarif de 10 centimes d'euros le kilowattheure suffisait à équilibrer les projets. C'est vrai que la mesure est rétroactive au 1er octobre, mais à un moment il avait été question de mai! Et la bonne surprise, c'est que ces projets vont pouvoir bénéficier de la bonification (de 10 % maximum, ndlr) pour les produits fabriqués en Europe...
Le SER préconisait de porter l'objectif à l'horizon 2020 de 5.400 MW à 20.000 MW. Vous pensez qu'on atteindra cette puissance installée ?
Sachant qu'on est à près de 4.000 MW à fin 2012, une puissance installée annuelle de 1.000 MW aboutit à 11 à 12 GW en 2020. C'est déjà deux fois plus que l'objectif initial du Grenelle de l'Environnement, qui est fixé à 5.400 MW. Mais je pense que la puissance installée chaque année va encore doubler d'ici là, et qu'on pourrait en effet atteindre les 20 GW.
Les prix des modules vont continuer à baisser, ils viennent encore de perdre 15 % en une semaine, on est maintenant en dessous de 50 centimes d'euro par kilowatt crête. Sans compter les gains de productivité sur l'intégration au bâti, la pose de capteurs, etc. Il faut cependant veiller à ce que ces gains de productivité ne soient pas annulés par la baisse des tarifs de rachat