France Bleue Roussillon 7h51 et une question à ce matin avec notre invité, Simon, comment reconstruire Notre-Dame de Paris ? Soit tout reconstruire à l'identique, reprendre les méthodes, les matériaux d'époque, ou bien faut-il faire de Notre-Dame la cathédrale du futur ?
Notre invité, ce matin est résolument vers la deuxième option. Avec nous, en studio Baptiste Guiet, un des pionniers du solaire en France, le fondateur de la société et Tecsol à Perpignan, invité vraiment plein d'idées pour le futur toit de Notre-Dame de Paris.
Baptiste Guiet : Bonjour André Joffre, vous proposez des tuiles solaires à la place de l'ancien toit en plomb ? Franchement c'est un coup de com, un petit peu de provoc ou c'est réellement pour vous envisageable ?
André Joffre : Non, c'est totalement envisageable, d'ailleurs vous savez à Perpignan on a on a déjà donné puisque le toit d marché international Saint-Charles, est équipé depuis dix ans de tuiles solaires en remplacement de la toiture d’origine qui était en amiante-ciment et en fait on s'est dit que cette technologie qui a beaucoup évolué depuis 10 ans est tout à fait adaptée à être mise en œuvre sur le sur le toit de la Cathédrale
Baptiste Guiet : Mais Notre-Dame n'est pas Saint-Charles, ça ressemble à quoi un toit en tuiles solaires parce que la question esthétique elle est primordiale André Joffre ?
André Joffre : Oui mais en fait ça ressemble terriblement à des tuiles normales, à des ardoises. La nouvelle rupture que nous avons dans le solaire - vous avez vu des panneaux solaires classiques encadrés d'aluminium - la nouvelle rupture qui arrive aujourd'hui c'est de faire des éléments de toiture qui ressembleront à nos tuiles, soit des tuiles canal qui sont rouges, soient des tuiles qui seront bleues, noires, voire même de couleurs différentes on a des tuiles bleues ou même blanches. On commence à avoir de ce type de produits qui arrive, c'est une véritable rupture technologique et ce qui est formidable c'est qu’à la faveur de cette rupture en fait, il y a une industrialisation qui s'opère dans notre pays.
Baptiste Guiet : Vous dites dans votre tribune parue dans le journal Les Echos : « Notre-Dame doit être un symbole du souci écologique aujourd'hui »
André Joffre : Oui, de toute façon on ne peut plus utiliser du plomb ça c'est interdit par la loi. Vous savez qu’il y avait 500 tonnes de plomb qui a fondu et qui est tombé, alors qu’une partie s’est évaporé et naturellement et c'est très mauvais pour la santé. Donc on ne peut utiliser le plomb aujourd'hui dans ce type de construction et il faudra trouver une autre formule. Alors on peut utiliser des ardoises, du verre etc… Nous, nous pensons que les tuiles solaires sont vraiment appropriées parce que du point de vue esthétique il n'y aura pas de changement par rapport à ce qui était Notre-Dame.
Baptiste Guiet : On aura la même couleur ? Peut-être pas exactement la même tinte qu'un toit en plomb ?
André Joffre : Oui, on va avoir exactement les mêmes couleurs. Les tuiles de Saint-Charles avaient la particularité d'être peu brillantes, cette brillance a disparu aujourd'hui. Les nouvelles tuiles sont beaucoup plus mates et donc s’intègrent beaucoup mieux dans l’architecture.
Baptiste Guiet : Quelle est l'idée ? Vous dit qu'on pourrait éventuellement alimenter l'hôtel Dieu qui se trouve juste à côté ?
André Joffre : Oui l'idée c'est qu'en fait l'église qui par définition est un lieu à la fois de protection et de solidarité puisse servir - parce que fait une cathédrale consomme assez peu d'électricité - et donc l'idée c'est que l’électricité produite par le toit, puisse être consommée dans les environs immédiats et on a l'hôtel Dieu, on a des logements sociaux à côté et cette notion de « solaire solidaire » que nous développons en ce moment, est une idée qui se développe beaucoup, d'autant que le Parlement a adopté le mois dernier la fameuse loi PACTE dans lequel elle autorise justement la possibilité de faire circuler l’électricité et non pas sur un simple bâtiment mais sur un quartiers.
Baptiste Guiet : La législation en train d'évoluer ?
André Joffre : Tout à fait, ça a été une grande avancée, on s'est battu beaucoup pour obtenir cela, et je pense que ça va faire beaucoup de projets.
Baptiste Guiet : Mais André Joffre, quand vous voyez, quand vous lisez, que la majorité des Français veut une reconstruction à l'identique vous vous dites que bon, ce n’est pas gagné quand même ?
André Joffre : Non en fait du point de vue technique que ça pourra pas être identique c'est évident. Pour les raisons que j'évoquais, notamment l'utilisation du plomb, mais par contre je dirais que l'aspect sera identique et la fonction de la toiture qui ne servait à rien mis à part la protection du bâtiment servira également à contribuer par exemple à réduire la facture électrique des logements sociaux qui sont à proximité.
Baptiste Guiet : Vous avez eu des retours de quelques décideurs après justement votre appel ?
André Joffre : Oui, de la part de beaucoup d'architectes qui travaillent sur ce projet, parce que vous savez qu'il va y avoir un concours international, il y a une loi qui a été votée ces jours-ci à l'Assemblée qui passe au Sénat cette semaine, cette loi permettra de simplifier les procédures pour accélérer les démarches et puis aussi de gérer les flux financiers qui sont très nombreux vous le savez, il y a plus d'un milliard qui a été collecté pour reconstruire la cathédrale. Donc beaucoup d'architectes nous ont questionné en disant « on est on est vraiment intéressé par cette approche-là » et je suis persuadé que dans le programme dans qui sera donnée aux architectes pour élaborer leurs projets, le solaire sera à l'intérieur.
Baptiste Guiet : Notre-Dame doit être un symbole de l'énergie de demain c’est ça ?
André Joffre : Oui le demain et puis d'aujourd'hui parce qu'en fait les bâtiments qui se construiront à partir d’aujourd’hui et dans les années qui viennent seront des bâtiments à énergie positive, c'est-à-dire qu'ils produiront plus d'énergie qu'ils n'en consomment. Et vous le savez dans des périodes où l'électricité va augmenter de 5 ou 6 %, c'est toujours bienvenu notamment pour les foyers modestes de pouvoir bénéficier d'une électricité gratuite. Il faut savoir quand même que l'année dernière en 2018 près d'un demi-million de foyers français ont vu, soit des réductions de puissance soit carrément des coupures d’électricité et ça c'est totalement impossible à tolérer, d’autant que l’on a des solutions aujourd'hui pour pouvoir permettre à tous ces gens en difficulté ce que l'on appelle les « foyers en précarité énergétique » de pouvoir trouver une solution et le solaire est un des moyens d'y arriver.
Baptiste Guiet : Des tuiles sur le futur toit de la cathédrale Notre-Dame, merci beaucoup André Joffre. Je rappelle que vous êtes fondateur du bureau d'études perpignanais Tecsol, spécialiste du solaire est à la tête du pôle de compétitivité Derbi. Merci beaucoup d'avoir été sur France Bleue ce matin une bonne journée à vous.