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Titre du blog : Les amis du Padre Himalaya
Auteur : himalaya
Date de création : 14-06-2008
 
posté le 06-09-2008 à 08:18:38

Documents d'époque...Sorède 1900 suite...(8) Documents d'époque

 Association : "Les Amis du Padre Himalaya de Sorède"...

Document d'époque N° 8 : Four Solaire « Himalaya »

  L’espion du Castell d’Ultrera…? vu sur le bulletin de N.D. du Château d'Aout 1922 et repris par J.Margail en 1960...

(Extrait des archives et documents de l’historien local, Jérôme Margail de Sorède, « 1906-1986  » photo ci dessous)

 

Jérôme Margail, historien local...

 

 Jérôme Margail raconte :

        Dans l’histoire du castell d’Ultréra on peut omettre des choses qui semblent banales et c’est bien le cas d’un fait que beaucoup de sorédiens ignorent mais qui est intéressant   par ce que nous vivons aujourd’hui.

Comme je compulsais des vieux papiers, j’ai retrouvé un bulletin de N. D. du Château du mois d’août 1922 que publiait à cette époque notre prêtre desservant la paroisse de Sorède notre cher ami l’abbé Soubielle. Disons en passant qu’il fut le grand rénovateur de notre bel ermitage qui était tombé un peu à l’abandon surtout que nous sortions de l’affreuse guerre  1914_1918.  Aussi pour faire reprendre conscience du privilège que nous avons d’avoir ce domaine de la vierge en plus du travail réparateur qu’il accomplissait, il créa ce mensuel bulletin qui nous entretenait de ses activités mais aussi de nous détailler chaque mois un peu d’histoire du passé de notre ermitage.

 

Le bulletin de l’époque...

 

 

Revenons au bulletin du mois d’août 1922 qui nous parle du col d’Ultréra et que l’abbé Soubielle termine de la façon suivante : «  Ne terminons pas notre promenade sans avoir relié le passé au présent mais souvenons nous que sur ces montagnes le présent même ne tarde pas à prendre figure de légende. Vous êtes vous rendu compte de l’endroit d’ou vous regardez si attentivement devant vous ? En 1914 ( en réalité c’était en Juillet 1900) un savant portugais avait choisi cet endroit pour y faire avec des appareils spéciaux des expériences de condensation des rayons solaires. Ne se proposait-il que cela ? Nul ne le sait et malgré des explications plus ou moins spécieuses il a bien gardé son secret . La grande guerre vint à éclater , notre homme s’empressa de vider les lieux. Les histoires diverses d’espionnage Allemand ne tardèrent pas à faire fermenter les têtes . On s’empressa de conclure à pari et notre savant fut à son tour accusé d’avoir médité les plus noirs desseins. Qui pourra nous le dire. Quoi qu’il en soit la plate forme en ciment n’est plus connue aujourd’hui que sous le nom de plate forme de l’espion. »

Et notre abbé conclut : Nous avons essayé de rappeler quelques souvenirs du col d’Ultréra mais si le col d’Ultréra lui même pouvait parler ? 

Après ces quelques mots de notre regretté abbé, je puis ajouter que bien des années après, c’était vers 1942, sous l’occupation allemande, le hasard me fit rencontrer à l’évêché de Perpignan où je m’étais rendu pour un renseignement le vicaire général Badie de Corneilla del Vercol. Comme ayant révélé que j’étais de Sorède il me tint ce langage : » Je pense que sûrement vous avez connu ou entendu parler de l’espion du castell celui sur qui sont tombées les accusations les plus ridicules ? » Je lui répondis par le négatif comme étant très jeune à l’époque mais que tout de même j’avais entendu parler de cette affaire. Je lui fis un détail de mes connaissances sur l’homme en question. Celui ci avait dépensé une fortune personnelle pour la voir disparaître en un jour par le caprice des hommes dans cette guerre qui venait d’être déclarée et qui hélas fit tant de victimes.

Il était arrivé dans notre région et d’après ce que nous vivons actuellement c’était un précurseur pour les recherches sur la condensation des rayons solaires et leur utilisation. Tout de suite il s’était mis au travail en construisant cette piste circulaire en ciment dans le coin le plus ensoleillé du col d’Ultréra ou (Coll del Buc)  Puis il paya des hommes de Sorède pour monter tout un matériel métallique et autre il payait suivant le poids et l’encombrement des pièces et il faut dire que certaines personnes se faisaient une bonne journée. Dans le détail je dirai qu’un certain B.P. de Sorède monta une pièce à lui seul d’une centaine de kilos , cette pièce encombrante mais pratique pour les pauses qu’il faisait souvent, il fut payé dix francs et la journée d’un ouvrier terrien était de trois francs cinquante. Il y eut aussi des histoires un peu ridicules car il faut dire qu’un étranger à cette époque était bien surveillé et la médisance était de règle.  Telle cette bonne femme de Sorède qu’un mauvais plaisant lui dit que l’homme qui payait bien le travail avait besoin d’un chat noir comme cette bonne femme  en avait un, elle le plaça dans un panier et gravit la montagne pour lui porter son chat. Notre homme comprit tout de suite et dissuada la brave femme en lui payant sa peine il lui conseilla de garder son matou. Si de nos jours il y a encore des adeptes pour la sorcellerie 1900 en était l’apogée.

Revenons à notre chanoine Badie qui me révéla ce qu’était notre portugais. Celui ci après avoir été séminariste  et reçu la prêtrise se lança dans la recherche scientifique et en particulier sur les études solaires mais la guerre de 14 en fit pour nous un espion car on retarda peut être ce qui se cherche actuellement et le chanoine Badie conclut en disant « C’était un ami »

Voilà, d'aprés Jérôme Margail,  comment se termina l’aventure de l’espion du castell d’Ultréra.

                                                                       Jérôme Margail, 1960 (Sorède)