Information et Communication :
Cinéma :
Aujourd'hui Mercredi 7 octobre 2009 lancement du film...
Le Syndrome du Titanic de Nicolas Hulot
Et soudain la voix d'Hubert Reeves perce la noirceur des images. Il psalmodie
quelques mots juste pour dire que la seule vraie ressource énergétique
inépuisable, c'est le soleil. Et le timbre doucereux de Nicolas Hulot d'évoquer
ces fameuses deux minutes de soleil qui inondent la terre de suffisamment
d'énergie pour contenter la planète pendant un an. Rare espoir scintillant d'un
film noir qui ne cède à aucune complaisance et s'appuie sur le principe de
réalité. Syndrome du Titanic : Etat d'urgence. Nicolas Hulot nous force enfin à
regarder la maison qui brûle. Il était temps. Rencontre.
Nicolas Hulot
est en mission. Soyons-en sûr ! Dans le cadre de la promotion de son film, cet
homme de télé, archi occupé, est venu passer deux heures de son précieux temps
au Club de la Presse de Montpellier pour asséner ses vérités, celles qui
dérangent. Affable, disponible, il a pris son temps pour parler de son oeuvre
réaliser en compagnie de son acolyte Jean Albert Lièvre : Le Syndrome du
Titanic. Et d'entrer dans le vif du sujet. « Si chacun d'entre nous n'incarne
pas le changement, je pense que l'on n'y arrivera pas. Nous courrons à la crise
de civilisation ». Et de citer Martin Luther King qui donne de la voix au cours
du film : « On est condamné à s'aimer ou sinon à mourir comme des imbéciles ».
Vous avez dit prise de conscience ?
Pour Nicolas Hulot, le film Le
Syndrome du Titanic n'est qu'un outil parmi tant d'autres, un outil en HD,
tourné avec des petites équipes et des moyens légers, pour justement mobiliser
les consciences. « C'est notre petite contribution à nous. Un autre regard qui
nous intime à mettre désormais des limites partout et à prôner une croissance et
une décroissance sélective. Aller plus vite et plus loin, sans aucune concession
avec la réalité » pilonne l'animateur télé qui ne s'érige en rien en père la
morale « Il sert à rien de culpabiliser ». Nicolas Hulot se fait donc
aujourd'hui le porte-parole apolitique d'un nouveau modèle de société non plus
basé sur la délocalisation de nos émissions de gaz à effet de serre en Inde et
en Chine mais bien sur une relocalisation de l'économie.
Le Syndrome du
Titanic se veut comme un principe immuable de réalité, une oeuvre coup de poing,
mosaïque d'images et de sons mêlés, anti-thèse d'Ushuaïa et de sa logique
d'émerveillement. Le Syndrome du Titanic montre sans complaisance la pandémie
mortelle qui étreint la planète : l'Humanité. Fulgurances esthétiques, cadrages
abruptes, les images comme sorti d'un tableau portent les maux et les mots d'une
planète, au pied du mur, en état de coma avancé, prosopopée de l'indicible
désordre que nous nous refusons de voir. « Ce film est une réponse à la négation
vis-à-vis d'une certaine réalité, à la confusion entre le virtuel et le réel.
Nous avons choisi les images en fonction des messages, des thèmes et des
réflexions que nous tenions à aborder » indique Nicolas Hulot. Ce film a même,
un temps, été envisagé dénué de tout commentaire. Tel un miroir tendu, sans
fard, des détresses et des folies du monde. Le Syndrome eut été trop violent
sans la voix doucereuse de l'animateur télé. Il dit les choses avec calme, il
appuie là où cela fait mal « La fortune des trois cents familles américaines les
plus riches est égale au PIB des soixante pays les plus pauvres du globe». Sic !
Et puis le film se veut force de propositions, en filigrane des apories.
« Nous avons cristallisé la créativité de ceux qui n'étaient, il y a peu encore,
que de doux utopistes ». En quelques phrases sibyllines, Hubert Reeves, on l'a
dit, s'en remet à l'énergie solaire, seule énergie inépuisable de notre monde.
Martin Luther King implore des rêves en blanc et noir unis dans un même élan
fraternel. Ou encore Pierre Rabhi, chantre de la décroissance, inventeur du
concept « Oasis en tous lieux », qui prône l'agroécologie, des pratiques
agricoles respectueuses de l'environnement et préservant les ressources
naturelles. Le film s'achève sur une vision de nature virginale, libérée des
géométries, dans une lumière éburnéenne. Un rêve. L'espoir … « Un habit de
lumière dans l'ombre du chagrin » chantait Léo Ferrer. A la sortie de la
conférence de presse, Nicolas Hulot avait rendez-vous avec une étreinte, non
feinte. Une accolade pleine d'émotions avec son ami Pierre Rabhi. Deux hommes au
chevet d'un même syndrome, celui du Titanic. Au cinéma le 7 octobre 2009. Le site du film